Le Grand Bargain
Qu’est-ce que le Grand Bargain ?
Le Grand Bargain a été proposé lors du Sommet humanitaire mondial de 2016 par le Groupe de haut niveau sur le financement humanitaire comme solution pour combler le fossé entre l’ampleur des besoins humanitaires et les financements disponibles pour l’aide.
Cela s’explique par le fait que les besoins de financement totaux s’élevaient à 19,8 milliards de dollars en 2015, mais que seulement 10,5 milliards de dollars étaient financés, soit un déficit de 45 % (d’après le Conseil international des agences bénévoles). Par ailleurs, le sentiment était que le système humanitaire était brisé et pas suffisamment redevable envers les personnes touchées par des crises.
À l’origine, le Grand Bargain comprenait 51 engagements répartis dans dix domaines de travail, notamment l’augmentation de l’assistance en transferts monétaires pour les personnes touchées par des crises.
Initialement un accord entre les cinq plus grands bailleurs de fonds gouvernementaux et les six plus grandes agences des Nations Unies, le Grand Bargain est désormais signé par les États membres, les ONG, les agences des Nations Unies, les mouvements de la Croix‑Rouge/du Croissant-Rouge et les organisations intergouvernementales.
Il y a eu une déception quant aux progrès du Grand Bargain au cours de ses cinq premières années, aboutissant à un Grand Bargain 2.0 repensé en 2021 pour lever certains des obstacles politiques aux progrès. Grand Bargain 2.0 a donné la priorité à un meilleur soutien à la coordination des transferts d’espèces, à une action humanitaire menée localement et à un financement flexible à long terme.
En juin 2023, 66 agences, dont des bailleurs de fonds et des organisations humanitaires, ont approuvé une nouvelle version du Grand Bargain pour les trois années suivantes. Certains l’appellent officieusement le « Grand Bargain 3.0 ».
Quel est l’impact du Grand Bargain sur l’assistance en transferts monétaires ?
Le Grand Bargain a eu un impact significatif sur les transferts monétaires. Depuis l’accord initial du Grand Bargain en 2016, les transferts monétaires ont été largement adoptés par le secteur humanitaire et leur augmentation en proportion de l’aide humanitaire internationale a doublé. La croissance et l’utilisation des transferts monétaires sont considérées comme l’un des domaines les plus réussis de l’accord.
Néanmoins, l’évolution des systèmes de coordination des transferts d’espèces n’a pas suivi cette croissance, ce qui a entravé l’utilisation efficace des transferts monétaires. Pour relever ce défi, en 2021, le Grand Bargain 2.0 s’est concentré sur l’obtention d’un accord de la part des acteurs humanitaires sur la coordination des transferts monétaires.
En 2021, face à la lenteur persistante des progrès, une lettre d’appel à l’action a été signée par 95 organisations pour résoudre ce problème de longue date. Ceci, ainsi que d’autres efforts, a conduit à la formation d’un processus au sein du Grand Bargain pour résoudre le problème et a finalement abouti à un nouveau « Modèle de coordination des transferts monétaires » pleinement approuvé pour garantir des dispositions de coordination plus prévisibles et responsables, permettant ainsi une meilleure utilisation des transferts monétaires en termes d’échelle, de qualité et de rapidité.
Good news! A new model for improved #CashCoordination has been endorsed and now goes to the IASC for approval. The model emerged from the Grand Bargain’s Caucus on Cash Coordination and sets out plans for a new way of working.
Read more ?https://t.co/CD8Ml5fcZO pic.twitter.com/OYxGR4yi90
— CALP Network (@calpnetwork) February 21, 2022
Une recherche menée par le CALP en 2022 a souligné la nécessité de nouveaux engagements politiques et souligné « des inquiétudes quant aux implications de la conclusion potentielle du Grand Bargain ».
Cependant, six mois après la publication de ce rapport, la prochaine version du Grand Bargain (ou « Grand Bargain 3.0 ») a été annoncée, saluée par le CALP comme « une éventuelle bonne nouvelle pour les transferts monétaires humanitaires ». Ce Grand Bargain 3.0 s’articule autour de deux domaines :
- Soutien continu à la localisation, à la participation des communautés concernées et à un financement de qualité.
- Catalyser la transformation sectorielle par le biais du « Grand Bargain ».
Les questions transversales incluent le genre et le partage des risques.
Vous souhaitez en savoir plus sur l’évolution des engagements politiques ? Tenez-vous au courant en suivant le Grand Bargain sur X (anciennement connu sous le nom de Twitter) ou en vous abonnant à la newsletter mondiale du CALP « Quoi de neuf sur les transferts monétaires ? ».
Pourquoi le Grand Bargain est-il essentiel ?
Le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire ne cesse d’augmenter chaque année, tandis que l’écart entre les besoins et le financement se creuse également : en 2021, seulement 53 % des besoins de financement ont été satisfaits.
En réunissant les bailleurs de fonds et les acteurs du secteur humanitaire, le Grand Bargain a été créé pour accroître les financements en réduisant les coûts administratifs et en augmentant les transferts directs de financements aux organisations locales et aux personnes touchées par des crises.
Selon le Dr Jemilah Mahmood dans un podcast de 2021, le Grand Bargain a également été crucial pour faire progresser les transferts monétaires : « Ce qui était différent entre le Grand Bargain et le Sommet humanitaire mondial, c’était en fait l’engagement des bailleurs de fonds et la définition des objectifs et des indicateurs… nous ne pouvons pas sous-estimer l’importance de la volonté politique et lorsque les bailleurs de fonds s’y engagent réellement ».
Le Dr Jemilah Mahmood s’est brillamment exprimé lors du Sommet humanitaire mondial de 2016 en demandant : « Pourquoi pas des transferts d’espèces ? » et « Si ce n’est pas maintenant, alors quand ? ».
Ces citations sont extraites d’un rapport phare sur les transferts d’espèces préparé avant la tenue du Sommet.
Grand Bargain et localisation
La localisation de l’aide reste l’un des principaux défis du secteur humanitaire. Pour relever ce défi, les bailleurs de fonds et les humanitaires ont convenu, dans le cadre du Grand Bargain, d’allouer 25 % des financements mondiaux aux acteurs locaux et nationaux d’ici 2020.
Cependant, les sentiments mitigés et la déception ont été exprimés face aux progrès réalisés pour atteindre cet objectif. L’allocation de financements directs aux acteurs locaux n’a pas été concluante et il n’existe aucun moyen de mesurer l’objectif d’allouer 25 % des financements mondiaux aux acteurs locaux.
Dans le cadre des transferts monétaires, la majeure partie des financements humanitaires sont alloués aux Nations Unies (66 %), à la Croix-Rouge/Croissant-Rouge et aux ONG internationales. Les financements parviennent ensuite indirectement aux acteurs locaux, les acteurs internationaux accordant des financements en contrepartie de la mise en œuvre des aspects convenus de la réponse. La manière actuelle de suivre les transferts monétaires signifie qu’il y a un manque de données et de compréhension quant à la participation des acteurs locaux au versement des transferts monétaires.
Selon le rapport sur la situation mondiale des transferts monétaires 2023, les progrès en matière de localisation des transferts monétaires nécessiteraient des changements de pouvoir et de financements ainsi qu’un renforcement des systèmes et des structures au niveau local.
Tenez-vous au courant des débats et des progrès en matière de transferts monétaires et de localisation en participant au Groupe de Travail sur les Transferts Monétaires et les Partenariats Locaux.
En savoir plus sur les financements et la Politique d’assistance en transferts monétaires sur le b.a.-ba des transferts monétaires.