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Le b.a.-ba des transferts monétaires : tout ce que vous devez savoir

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Favoriser un meilleur fonctionnement de l’aide humanitaire et des transferts monétaires : les sept thématiques principales pour 2023

Alors que l’année 2022 touche à sa fin, le moment semble approprié pour revenir sur ce qui s’est passé dans le monde des transferts monétaires et pour envisager les principaux enjeux à traiter en 2023.

5 décembre 2022 — De Karen Peachey

En début d’année, beaucoup d’entre nous étions soulagé·es, pensant que le pire de la pandémie de COVID-19 touchait à sa fin. À mesure que l’année avançait, une nouvelle crise majeure a éclaté, s’ajoutant aux nombreuses crises en cours dans le monde. En février, l’invasion de l’Ukraine a provoqué un déplacement de masse et a impliqué des répercussions mondiales avec l’augmentation des prix des denrées alimentaires et du carburant. Les incertitudes économiques et politiques dans de nombreux pays s’en trouvent accentuées. La Corne de l’Afrique a fait face à une absence de pluies et les alertes aux risques de famine ont été déclenchées tardivement au cours de l’année ; des inondations sans précédents ont laissé une grande partie du Pakistan sous les eaux ; et ce ne sont là que quelques crises parmi tant d’autres.

À la fin de l’année 2021, nous avons réfléchi aux six thématiques principales dans ce blog. En les relisant aujourd’hui, nous ne pouvons que constater avec stupéfaction le fait qu’une grande partie des commentaires soient toujours d’actualité, bien que certains progrès aient été réalisés sur la plupart des points. Plutôt que de nous concentrer uniquement sur ce qui a changé cette année, jetons également un œil aux thématiques principales qui s’annoncent pour 2023.

1. La conception et les processus décisionnels centrés sur les personnes : guide pour le progrès

Au sein du secteur humanitaire, les visions et les objectifs des organisations annoncent mettre les personnes au cœur des actions réalisées. Bien que des progrès aient été effectués dans ce sens, nous pouvons toujours faire mieux.

Les transferts monétaires offrent la possibilité d’un choix plus large et d’un plus grand respect de la dignité pour les personnes touchées par une crise par rapport à d’autres formes d’aide. Toutefois, la conception du programme détermine le degré de réalisation de ces possibilités. Bien trop souvent, les besoins et les choix organisationnels découlent de conceptions sous-optimales du point de vue des bénéficiaires. En conséquence, une conception médiocre des programmes peut avoir lieu et mener à :

  • un choix de modalités de paiement ne tenant pas compte des préférences des personnes ;
  • une mauvaise communication avec les communautés concernant les personnes ciblées, la raison du ciblage, la durée ou le montant de l’aide, ce qui entraîne alors de la confusion et de la frustration ;
  • une coordination médiocre avec d’autres spécialistes des transferts monétaires et avec les autorités compétentes, entraînant de ce fait des lacunes ;
  • l’expérimentation de technologies de paiement non testées auprès de communautés vulnérables.

Dans de nombreux cas, les politiques internes, les exigences de conformité des bailleurs de fonds, les limites des infrastructures de paiement, les contraintes juridiques et d’autres facteurs organisationnels peuvent limiter les options et contribuer à ces décisions. Il est possible de faire bouger les lignes, bien que certains de ces facteurs nécessitent des efforts inter-organisations et sur le long terme.

Quels que soient les enjeux, l’adoption d’une conception centrée sur les personnes améliorera les résultats.

2. L’élaboration d’une nouvelle feuille de route pour les transferts monétaires

Les preuves montrent que les transferts monétaires pourraient représenter un pourcentage bien plus élevé de l’aide générale s’ils étaient utilisés lorsque la situation s’y prête. L’utilisation croissante des transferts monétaires devrait, par conséquent, continuer en 2023 et au-delà.

Néanmoins, une nouvelle recherche montre que, malgré cette augmentation de l’utilisation des transferts monétaires, l’allure de cette croissance ralentit. Elle indique également qu’il n’existe aucun moyen particulier nous permettant de constater une croissance importante. À l’avenir, nous devons nous poser des questions en lien avec le pré-positionnement des stocks, les aides conditionnelles, les modèles de gestion et les différents modèles de financement, entre autres. Nous considérons que l’association de ces facteurs avec la fin prochaine de nombreux engagements de politiques mondiales en lien avec les transferts monétaires (dont peut-être le Grand Bargain) présente un risque de revirement quant à l’utilisation des transferts monétaires. Cela serait inquiétant pour les bénéficiaires des aides.

Les enjeux devant être traités sont évidents, comme indiqué dans ce blog et dans la nouvelle note d’orientation du CALP. En 2023, nous avons besoin d’une nouvelle feuille de route pour les transferts monétaires afin de dicter des priorités collectives et d’obtenir des changements systémiques.

3. Interventions menées localement : lutter contre les tensions

Bien qu’elle soit extrêmement lente, il semble qu’il existe une certaine dynamique montante concernant l’intervention menée localement au sein du système humanitaire dans son ensemble et en particulier, au sein du secteur des transferts monétaires. En 2022, le groupe de travail chargé des interventions menées localement et des transferts monétaires a été actif ; le réseau de membres s’est élargi et l’engagement s’est renforcé. Parallèlement, le leadership local ainsi que la mobilisation d’acteurs et actrices locaux représentent l’un des principes clés soutenant le nouveau modèle de coordination des transferts monétaires.

Nous avons également remarqué de plus en plus de références renvoyant à une possible tension entre les interventions menées localement et l’augmentation de l’échelle de certaines réponses monétaires. Cette tension perçue pourrait être utilisée pour limiter les progrès des deux types de programmes sur la base d’arguments avançant que les transferts monétaires à grande échelle menacent les interventions menées localement et que les acteurs locaux ne sont pas en mesure de gérer des réponses à grande échelle.

Comme l’a indiqué le Rapport sur l’aide humanitaire mondiale 2021, alors qu’une augmentation de l’utilisation des transferts monétaires a été signalée par tous les types d’acteurs humanitaires connus, il n’a pas été possible d’obtenir le taux de croissance de la mise en œuvre réalisée par les acteurs nationaux. Comme évoqué dans le blog de l’année dernière, les raisons sont les suivantes : (i) les acteurs nationaux sont actuellement moins susceptibles de contribuer aux systèmes internationaux de collecte des données et (ii) lorsque les acteurs nationaux travaillent en tant que partenaires de mise en œuvre, leur rôle est souvent invisible dans les systèmes de reporting et les données sont enregistrées par l’organisation cheffe de file.

Alors que l’année 2023 se rapproche, il reste encore beaucoup à faire pour :

  • assurer une visibilité et une reconnaissance plus importantes du travail réalisé par les acteurs nationaux
  • accroître l’échelle des interventions centrées sur les transferts monétaires menées localement
  • apporter des changements au système humanitaire pour permettre ce qui précède.

4. Les transferts monétaires et l’environnement

Depuis les prémices de ce travail, le nombre de discussions concernant les transferts monétaires et l’environnement n’a cessé de croître. Vu l’intérêt grandissant pour ces questions, nous espérons une explosion du nombre d’actions en 2023.

Un travail en lien avec ces sujets s’est développé en termes de transferts monétaires et d’interventions préventives. Ce travail fait émerger des questions structurelles concernant le système humanitaire.

Grâce aux fonds dédiés aux interventions préventives compris dans les budgets de développement de la plupart des bailleurs de fonds, il nous faut déterminer comment améliorer la collaboration avec des spécialistes du développement. Nous devons également voir si les budgets d’aide peuvent être ajustés afin de permettre des méthodes de travail plus efficaces.

Il nous faut observer la manière dont les transferts monétaires sont utilisés pour atténuer les catastrophes ou y répondre, ainsi que trouver comment réduire au maximum les répercussions des transferts monétaires sur le climat et sur l’environnement. Les questions concernant l’approvisionnement local et l’utilisation des chaînes de blocs sont au premier plan de cette discussion, mais elles ne représentent en aucun cas les seuls points à traiter.

Avec l’intensification des urgences climatiques, on estime que sans action pour le climat et sans réduction des risques de catastrophes, le nombre de personnes nécessitant une aide humanitaire pourrait doubler et atteindre plus de 200 millions par an d’ici 2050. Ces statistiques ne peuvent pas être ignorées. Nous devons passer à la vitesse supérieure et chercher toutes les opportunités nous permettant de faire avancer les engagements relatifs à la Charte sur le climat.

5. Les transferts monétaires et les autres flux financiers

Du point de vue d’un·e bénéficiaire, peu importe le nom que nous leur donnons, le budget duquel ils proviennent ou l’organisation ou le ministère qui les fournit, les transferts monétaires restent des transferts monétaires.

En 2023, grâce aux progrès réalisés concernant les liens entre les transferts monétaires et la protection sociale, nous devons observer la manière dont les transferts monétaires se rattachent aux autres flux financiers tels que ceux relevant de l’intervention préventive (voir ci-dessus).

Plus l’utilisation de transferts monétaires est importante à la fois dans l’aide humanitaire et au développement, plus des questions concernant l’efficacité des flux de financement, des modèles de gestion actuels et de notre organisation sont soulevées.

Alors qu’il est peu probable que l’année 2023 nous permette de répondre à toutes ces questions, il est nécessaire d’avoir une discussion fondamentale concernant ce lien compliqué entre les interventions humanitaires et les interventions de développement.

6. Les données et les technologies

Le besoin d’améliorer la gestion des données est urgent.

L’année 2022 a sonné l’alarme pour nombre de personnes avec, par exemple, l’importante attaque informatique subie par le CICR. Actuellement, il semblerait que la prise de conscience et la compréhension concernant ce besoin soient en hausse, mais les mesures pratiques tardent.

Nous constatons une utilisation encourageante des technologies nouvelles et existantes qui offrent de grandes possibilités d’amélioration de l’aide. D’un autre côté, le test de nouvelles technologies sur les communautés vulnérables reste une préoccupation majeure ; cela vaut également pour les transferts monétaires et pour le système humanitaire de manière plus générale.

Davantage de conversations franches (avec les règles de Chatham House si besoin) seront nécessaires en 2023 afin de convenir de la manière de lutter contre les risques prioritaires. Nous devons agir rapidement pour éviter les risques relatifs aux données et prévenir un scandale.

7. La coordination des transferts monétaires

Dernier point, mais non des moindres, nous devons garder un œil sur la coordination des transferts monétaires. En mai 2022, l’IASC a approuvé un nouveau modèle conçu pour améliorer la prévisibilité et l’efficacité de la coordination des transferts monétaires au sein du système.

En 2023, les changements définis dans ce plan de transition approuvé commenceront à se concrétiser. Nous devons suivre et garantir la mise en œuvre correcte des changements prévus. Le nouveau modèle de coordination nécessitera un leadership et un financement spécifique pour que les acteurs s’acquittent des responsabilités définies, ce qui représente un enjeu évident.

La réussite du nouveau modèle dépend de l’implication de toutes et tous, pas uniquement des personnes nommées à des rôles de leadership. Il faut également accepter que, comme pour toute nouvelle chose, des ajustements seront nécessaires au fur et à mesure.

Bien évidemment, il y a beaucoup d’autres enjeux devant être traités.

Avec l’augmentation des besoins et la restriction des ressources, l’aide doit devenir plus efficace. Les transferts monétaires ont un rôle immense à jouer dans la mise en œuvre d’une meilleure assistance humanitaire. Une feuille de route claire visant à faire face aux enjeux prioritaires nous aidera. Nous sommes ravi·es d’avancer ensemble en 2023.

 

Sur l’image principale : la FICR soutient le Croissant-Rouge afghan dans la distribution de l’aide monétaire pour les abris à plus de 1 600 ménages qui ont été affectés par les tremblements de terre dans la province de Paktika. Crédit : FICR/Meer Abdullah. Octobre 2022.

 

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