Éducation et transferts monétaires

Introduction au secteur de l’éducation (en situation d’urgence)

Jusqu’à récemment, l’éducation était vue comme un élément du travail de développement à long terme, plutôt que comme une intervention nécessaire en situation d’urgence. Toutefois, le rôle vital et salutaire de l’éducation s’est imposé et l’inclusion de l’éducation au sein de la réponse humanitaire est désormais considéré comme essentielle.

L’éducation est un droit humain fondamental. Elle est particulièrement importante pour les enfants et les jeunes affecté·es par un conflit, mais elle est souvent interrompue en situation d’urgence, ce qui prive les apprenant·es des effets transformateurs d’une éducation de qualité.

L’éducation en situation d’urgence donne des opportunités à tous les âges. Elle englobe le développement de la petite enfance, l’éducation primaire, secondaire, non formelle, technique, professionnelle et l’enseignement supérieur et des adultes. Lors de situations d’urgence, jusqu’au rétablissement de la situation normale, une éducation de qualité fournit une protection physique, psychosociale et cognitive qui peut sauver des vies. Les écoles et autres espaces d’apprentissage peuvent servir de points d’entrée pour l’obtention d’un soutien essentiel, notamment en termes de protection, de nutrition, d’eau et d’assainissement et de services de santé.

Établi en 2007, le Global Education Cluster (GEC) est un mécanisme pour la coordination et la collaboration formelles en matière d’éducation lors des crises humanitaires. Son mandat principal, son objectif et son échelle sont basés sur l’approche du Comité permanent interorganisations de 2005. Le GEC rassemble des ONG, des agences de l’ONU, des universitaires et d’autres partenaires autour d’un même but : assurer un accès prévisible, coordonné et équitable des populations affectées par une crise humanitaire à l’éducation. Le Global Education Cluster vise à faire valoir l’éducation en tant que droit humain fondamental et composant central de l’intervention humanitaire.

Comment les transferts monétaires sont-ils utilisés dans le secteur de l’éducation (en situation d’urgence) ?

Les transferts monétaires appliqués à l’éducation en situation d’urgence abattent les barrières économiques à l’éducation qui empêchent les enfants affectés par une crise d’accéder à l’éducation, et accroît donc les inscriptions et la fréquentation. Ils constituent une assistance essentielle pour les familles : ils les aident à acheter les fournitures scolaires nécessaires, à payer les frais de scolarité et de transport, voire à couvrir les coûts d’opportunité du travail des enfants perdu. Les transferts monétaires appliqués à l’éducation en situation d’urgence évitent le décrochage scolaire et encouragent la réinscription des enfants qui ont été déscolarisés.

Toutefois, seuls, ils ne suffisent pas à ramener ces enfants sur les bancs de l’école s’ils subissent du harcèlement scolaire et sont discriminés du fait de leur statut de personne déplacée, s’ils ne disposent pas des papiers d’identité nécessaires pour être inscrits à l’école, si leurs parents ne considèrent pas l’éducation comme une priorité, ou si les écoles n’ont pas de capacités suffisantes pour les recevoir.

Ces situations exigent l’intégration des transferts monétaires à des interventions cherchant à réduire ou éliminer ces obstacles qui ne sont pas de nature économique. Ces interventions incluent :

• la communication et la sensibilisation à la lutte contre le harcèlement scolaire et la discrimination et l’information des familles et des communautés à propos de la valeur de l’éducation ;
• l’aide aux familles pour la préparation de la documentation nécessaire à l’inscription ;
• le plaidoyer auprès des écoles, afin qu’elles modifient ces exigences administratives pour les enfants affectés par un conflit ;
• des interventions visant à accroître la capacité d’accueil des écoles.

De la compréhension des besoins à la conception en passant par la mise en œuvre holistique des programmes, la coordination est essentielle à l’intégration.

Principales difficultés au moment d’accroître l’échelle des transferts monétaires de qualité dans le secteur de l’éducation (en situation d’urgence)

Jusqu’à récemment, l’utilisation des transferts monétaires pour répondre aux besoins d’éducation en situation d’urgence était limitée, en particulier du fait du manque de compréhension des pratiques en cours. Le GEC a répondu de manière significative à ce manque de données probantes dans la publication « Transferts monétaires en faveur de l’éducation en situation d’urgence. Rapport de synthèse et directives ». Le réseau CaLP y a également répondu dans la publication « Transfer Programming in the Education and Child Protection Sectors: Literature Review and Evidence Maps » (voir ci-dessous).

Afin d’accroître l’utilisation des transferts monétaires appliqués à l’éducation en situation d’urgence, les étapes suivantes sont essentielles :

• Renforcement de la collaboration entre spécialistes de l’éducation en situation d’urgence et spécialistes des transferts monétaires et augmentation de la compréhension qu’ont les spécialistes de l’éducation en situation d’urgence des aspects techniques des transferts monétaires en lien avec l’éducation
• Mise à disposition de ressources plus nombreuses pour continuer à alimenter la base de données probantes sur les transferts monétaires appliqués à l’éducation en situation d’urgence, à adapter les outils et processus utilisés dans le secteur de l’éducation et dans plusieurs autres secteurs, à développer des directives et à renforcer les capacités
• Adaptation des outils d’évaluation des besoins pour informer les programmes de transferts monétaires intégrés à d’autres formes de programmes d’éducation en situation d’urgence, pour que les données nécessaires soient facilement accessibles, en particulier en matière de barrières économiques auxquelles font face les familles et les enfants dans leur accès à l’éducation
• Renforcement de l’analyse des options de réponse au niveau sectoriel et multi-sectoriel, afin de mieux prendre en compte les transferts monétaires dès le départ
• Amélioration de la compréhension du ciblage des transferts monétaires appliqués à l’éducation en situation d’urgence, de l’utilisation des conditionnalités et de l’optimisation des pratiques de calcul du coût de l’élément Éducation dans le panier de dépenses minimum
• Promotion continue des liens entre transferts monétaires humanitaires et filets sociaux de sécurité des gouvernements pour assurer une plus grande durabilité des résultats produits par les transferts monétaires humanitaires