Evaluation des impacts socio-anthropologiques liés aux interventions d’urgence à modalité « transferts d’argents » dans le Kanem – Rapport d’orientations stratégiques
Ce rapport donne des orientations stratégiques et programmatiques ainsi que des recommandations sur les évolutions des programmes de transferts monétaires non conditionnées dans la région du Kanem. Il se base sur une analyse des ressources locales, des liens externes à la région, des positions des acteurs et des autorités ainsi que les tendances et évolutions sociétales en les replaçant dans le temps et l’espace du contexte du Kanem. Il intègre également les analyses des impacts socio-anthropologiques au niveau des communautés réalisées par Corinne Corradi ainsi que les études économiques et microéconomiques mentionnées dans le rapport « Impacts des transferts monétaires, Kanem, Tchad 2014, rapport d’analyse, F. Meunier – ACF ». Cette étude s’appuie sur une mission terrain, de multiples entretiens, de nombreuses évaluations et analyses réalisées sur la région du Kanem depuis 2009 par Action Contre la Faim et sur une large bibliographie nationale et internationale.
Si l’intervention actuelle répond avec efficience à l’objectif de compenser partiellement et temporairement les difficultés d’accès à l’alimentation (pour des populations dépendantes des marchés locaux) au cours de la période de soudure agricole, elle ne permet en aucun cas de stabiliser la situation. De plus le projet semble avoir un impact nul, voir négatif, sur les capacités de résilience des communautés. Le versement régulier des fonds engendre un attentisme de la société, ne l’accompagnant pas vers de nécessaires évolutions culturelles et structurelles favorisant la résilience. L’intervention semble donc retarder des échéances sans pour autant apporter des réponses à moyen terme. C’est une stratégie palliative mais en aucun cas une approche permettant de renforcer les capacités productives. Peu d’effets de « levier » sont recherchés du fait de la rigidité des financements d’urgence actuels. La communauté reste extrêmement fragile et la moindre variation défavorable économique, politique, sociale ou sécuritaire pourrait l’impacter fortement, faisant basculer la région du Kanem dans une crise humanitaire profonde. Un point de rupture pourrait donc se rapprocher.
L’utilisation du cash transfert non conditionné, outil d’urgence adapté à des zones aux économies productives actives, n’est pas, dans ce contexte de crise chronique sur une zone à l’économie exsangue non productive, appropriée sur le moyen et long / termes et engendrera des impacts négatifs sur la communauté.