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Le b.a.-ba des transferts monétaires : tout ce que vous devez savoir

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L’évolution de la préparation aux transferts monétaires : l’heure est à l’adaptation

Pour répondre aux sécheresses, l’idéal serait de disposer de fonds réguliers, rendus disponibles en un clin d’œil, partant des bailleurs pour être injectés dans les communautés traversant une crise via le système humanitaire. Pour produire un changement, il est indispensable de comprendre ce qu’il est possible de faire et quels obstacles se dressent devant nous.

4 octobre 2022 — De Sapenzie Ojiambo, Karen Peachey

Mareya Ibrahim, a cash transfer beneficiary, is able to buy groceries.

Dans la Corne de l’Afrique, les évaluations montrent depuis des années que les interventions en réponse aux sécheresses sont déployées trop tardivement. Les recommandations encouragent fréquemment une action plus rapide. Sans point de référence sur la faisabilité, on peut toutefois douter qu’il soit possible d’accélérer la mise en œuvre d’une intervention.

La sécheresse qui frappe la Corne de l’Afrique s’enracine. Selon les prédictions, la région s’apprête à faire face à de faibles précipitations pour la cinquième saison consécutive. Des millions de personnes sont déjà affectées et la situation risque de s’aggraver. Des organisations humanitaires et des organisations de la société civile, de toutes configurations et tailles, ont déployé des interventions. Certains systèmes réactifs aux crises des gouvernements visent à répondre aux besoins immenses et en constante augmentation.

Au Kenya, en Éthiopie et en Somalie, les transferts monétaires et les coupons sont utilisés depuis longtemps, avec des résultats concluants. Les transferts monétaires sont l’une des modalités d’intervention mobilisées depuis la sécheresse de 2011/2012 en Somalie ; les systèmes de protection sociale se développent ; l’argent mobile est très utilisé ; et la communauté humanitaire a l’habitude de travailler avec les transferts monétaires.

Il est donc difficile de comprendre pourquoi, lorsqu’une sécheresse survient, des fonds réguliers partant des bailleurs pour être injectés dans les communautés en crise via le système humanitaire ne sont pas rendus disponibles en un clin d’œil.

Le présent rapport a été publié par le CALP Network en octobre 2022.
Le présent rapport a été publié par le CALP Network en octobre 2022.

Malheureusement, le processus est on ne peut plus complexe, mais les acteurs et actrices des interventions sont force de propositions pratiques pour accélérer la réponse à court et plus long terme. Bien sûr, la rapidité d’action ne fait pas tout. Il s’agit aussi d’apporter un soutien approprié à chaque personne, et ce en temps utile.

Avec la détérioration de la situation dans la Corne de l’Afrique, le CALP Network a commandé une étude en temps réel pour obtenir une vue d’ensemble rapide sur le sujet. Plus de 200 spécialistes ont participé à la discussion dans trois pays. Voici un aperçu de ce qui a été dit.

Où en sommes-nous ?

Dans l’idéal, les mouvements de fonds entre un bailleur et les récipiendaires de l’aide ne prendraient que quelques heures ou quelques jours tout au plus. À l’heure actuelle, il faut prévoir sept à 21 jours au Kenya, 14 à 30 jours en Somalie et un à deux mois en Éthiopie, car les processus d’approbation du gouvernement sont très longs.

Tout le monde s’accorde à dire que les délais peuvent être réduits. C’est une bonne nouvelle. Beaucoup sont d’avis qu’il serait raisonnable de s’accorder sur des délais de l’ordre de trois à cinq jours au Kenya, sept à 14 jours en Somalie et un mois en Éthiopie. Il est à noter que, selon l’étude, les délais ne varient pas en fonction du type d’organisation, mais plutôt du degré de mise en œuvre de certains processus opérationnels.

Que reste-t-il à faire ?

Notre approche de la préparation aux transferts monétaires doit évoluer.

Pour réduire ces délais de mise en œuvre, nous devons créer des listes de bénéficiaires approuvées, rendre les programmes réactifs aux crises et établir des relations de confiance avec les prestataires de services financiers (PSF). Les organisations doivent veiller à ce que leurs processus administratifs, logistiques et financiers soient efficaces et proactifs.

Elles doivent impérativement centrer leurs efforts sur les populations particulièrement isolées, afin de cibler les personnes les plus vulnérables. Si des délais plus longs, des ressources plus nombreuses et des seuils de risques plus élevés peuvent s’avérer incontournables, grâce à la planification, à la créativité et surtout aux partenariats, des approches réalistes peuvent être adoptées bien avant qu’une crise ne se produise.

Listes, risques et relations avec d’autres acteurs

Du fait de la fréquence des interventions humanitaires dans la Corne de l’Afrique, de la multiplication des programmes de protection sociale et du grand nombre de programmes de développement déjà en place, il est aisé de trouver des listes de personnes vulnérables et recevant une aide, mais l’utilisation de ces listes est un problème complexe.

L’expérience montre qu’elles ne sont bien souvent pas actualisées et/ou exhaustives, et qu’elles entraînent donc le risque d’exclure des personnes touchées par une crise particulière. L’actualisation des listes n’est pas une tâche aisée. Elle requiert du temps et des ressources. Bien souvent, cet investissement n’a pas lieu hors contexte d’intervention. Si nous devons déployer une intervention dans une nouvelle zone, cibler de nouvelles personnes ou accéder à des territoires isolées ou des populations invisibilisées, l’adoption de nouveaux processus d’enregistrement est nécessaire, et s’accompagne de frais supplémentaires et d’un tiraillement immédiat entre couverture et coûts associés.

Investir dans la préparation permet non seulement de gagner du temps, mais aussi potentiellement d’obtenir des gains d’efficacité. Le secteur pourrait tirer profit d’innovations ingénieuses pour vérifier les listes ou travailler avec les pouvoirs publics, les PSF et d’autres humanitaires afin de rassembler des informations et de les recouper.

Si l’objectif principal de cette approche est le renforcement des systèmes, la nécessité de développer de nouvelles relations et des partenariats efficaces est une problématique centrale. Ces considérations ont toujours fait partie du travail de préparation mais il est indispensable de souligner leur importance, notamment dans les contextes où l’on remarque des changements dans les modes d’intervention et les acteurs impliqués et où les opportunités et difficultés rencontrées évoluent.

Des partenariats plus solides et une collaboration plus étroite

Les bailleurs et les organisations ont l’option de généraliser les mécanismes réactifs aux crises et modificateurs de crise dans leur travail, en vue d’une réallocation rapide des fonds, à l’échelle d’une intervention mais aussi dans le cadre de l’actualisation des listes et d’autres tâches relatives à la préparation aux transferts monétaires.

Avec l’utilisation croissante des transferts monétaires, les prestataires de services financiers ont endossé un rôle central au sein des interventions humanitaires, mais les véritables partenariats sont rares. Des partenariats solides peuvent donner lieu à des méthodes de travail plus innovantes et efficaces et donner l’occasion de régler certains problèmes de ciblage et de couverture des programmes de transferts monétaires.

Les programmes nationaux de protection sociale, et notamment les registres sociaux, sont en plein essor dans la Corne de l’Afrique. Dans certains domaines, ils supplantent le travail des organisations humanitaires, même si de nouveaux besoins émergent dans d’autres secteurs. Il nous faut tisser des relations de travail plus étroites avec les ministères et d’autres parties prenantes.

Le paysage changeant de la préparation aux transferts monétaires implique également que les organisations humanitaires doivent chercher à se familiariser avec différentes approches de ciblage, évaluer les listes existantes et déterminer comment fournir l’assistance aux populations isolées et invisibilisées, de manière plus efficace. Le secteur doit prendre des mesures courageuses pour réduire la durée des exercices de ciblage et économiser des ressources pour que les personnes en situation de crise en soient les premières bénéficiaires.

Les opportunités ne manquent donc pas ! Nous devons :

  • prendre des mesures fortes pour transformer les méthodes de travail afin qu’une plus grande partie des ressources soient investies directement dans l’aide aux personnes en situation de crise ;
  • prendre des décisions difficilespour fournir l’aide aux communautés isolées et raccourcir les temps de réponse, même si cela implique des risques et des conséquences en termes de ressources ;
  • avoir des conversations honnêtes sur les risques et les limites contractuelles qui peuvent faire barrière au changement ;
  • développer de nouvelles compétences pour embrasser la nature évolutive de la préparation ;
  • investir dans des relations fortes pour maximiser les options qui se présentent à nous en alimentant les registres sociaux et en adaptant les services financiers ;
  • encourager l’action collective pour réaliser des progrès à l’échelle de l’intervention.

 

Le CALP Network a publié le rapport Lists, risks & relationships. The changing landscape of cash preparedness: Real time learning from the Horn of Africa.

Dans le cadre de la recherche étayant ce rapport, trois événements d’apprentissage en temps réel ont été organisés en mai/juin en présence de 200 personnes, en Éthiopie, au Kenya et en Somalie.

La publication de ce rapport est rendue possible par le soutien généreux du peuple américain, par l’intermédiaire de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Le contenu est la responsabilité du CALP et ne reflète pas nécessairement les points de vue de l’USAID ou du Gouvernement des États-Unis.

Image principale : Mareya Ibrahim, bénéficiaire de l’assistance monétaire, fait ses courses grâce à l’aide reçue. Crédit : Khadija Farah/Oxfam, février 2022.

 

 

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